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à fuir vos yeux mon coeur se résolut


"[...] à fuir vos yeux, mon cœur se résolut,
Vous croyant un obstacle à faire mon salut."
Le Tartuffe, III, 3 (v. 945-946)

Ce comportement est recommandé dans de nombreux textes dévots, en particulier :

Une conversation de L'Esprit de cour (1665) de René Bary, intitulée "Des apparences injurieuses", développe la situation suivante : "Torindor feint d'être ombrageux de ce que sa maîtresse voit fort souvent un Directeur fort bien fait." (p. 438)


(1)

CHAPITRE XI: De la façon de combattre le vice de la chair
Avant la tentation, ce n'est pas contre le vice de la chair qu'il faut combattre, mais contre l'occasion qui l'irrite et qui la réveille: c'est pourquoi nous avons d'abord à éviter toutes conversations périlleuses, et à retrancher en celles que nous ne pourrons éviter toutes actions et toutes paroles d'affeterie et de vaine complaisance, expédiant diligemment et modestement toutes affaires, selon que la nécessité le requiert. [...]

Pour ce qui regarde le temps, auquel nous sommes actuellement tentés, prenons garde si la tentation procède d'une cause, ou extérieure ou intérieure. J'entends par les occasions extérieures, les conversations et les entretiens qui portent à ce vice, pour lesquelles je dis toujours qu'il n'y a point d'autre remède que la fuite. Les intérieures partent, ou de la disposition du corps, ou de la liberté des pensées, lesquelles nous viennent à toute heure, de nos mauvaises habitudes, ou de la suggestion du démon.
( Le Combat spirituel, composé en italien, par un serviteur de Dieu, et traduit en français par un autre serviteur de Dieu, Paris, P. Le Petit, 1664, p. 63-65)

(2)

Chapitre VIII
De la renonciation de la volonté à regarder les femmes
Il n'y a chose au monde pour exquise qu'elle soit à quoi l'homme ait tant d'inclination qu'à la vue, recherche et pratique des femmes; [...] Cette naturelle proposition de l'homme à la femme eût été parfaitement bonne, s'il se fût conservé en sa justice originelle ; mais, en étant misérablement déchu par la prévarication, ce désir s'est tellement rendu vicieux que c'est de là que naît ce contagieux désir de regarder la femme d'un oeil lascif et sensuel. Pour corriger ce défaut, il faut tâcher de régler et appétit à droiture de la raison et selon la loi de notre Rédempteur. Un regard animé d'un pur désir sensuel est toujours vicieux et presque aussi toujours suivi de quelque malheur de difficile réparation. L'appétit du plaisir qui est en la chair (dit le grand Saint Basile) sort comme d'une source, se dilate pour tous les sens et touche les yeux comme avec de certaines mains incorporelles tout ce qui est à son gré ; et ce qu'il ne peut des mains, il l'embrasse des yeux. Après il imprime dans le coeur les images des choses qu'il reçoit par la vue et allume ainsi tout le corps d'une volupté charnelle, à laquelle les autres sens servent et dédient toutes leurs opérations comme à une reine absolue. Et il conclut de là que l'âme qui veut bien servir Dieu doit surtout faire si bonne garde sur ses yeux qu'ils ne s'émancipent pas de courir ça et là, partout où ils désirent. Une de choses principalement que vous vous devez proposer ainsi de vous perfectionner bientôt à la vertu est de ne regarder jamais aucune femme en face, parce que leurs regards sont grandement périlleux.
[...]
Serviteur de Dieu, si vous désirez éviter les secrètes surprises du diable, fuyez la présence des femmes comme celle d'un basilic. Celui est ignorant qui ne sait pas que le basilic tue l'homme de son seul regard. Et l'expérience nous apprend trop que la femme est pleine d'un si mortel poison qu'elle tue celui qui, trop indiscret lui abandonne ses yeux. O que les traits qu'il décochent sont vénéneux. Quelles blessures, mais plutôt quelles mourantes vies ressent celui qui en est une fois frappé.
[...]
Si vous désirez votre salut, fuyez ces serpents, ces harpies, ces cruelles meurtrières de votre âme, desquelles vous ne pourriez espérer que de lourdes chutes, des tombeaux et, à la fin, les supplices de l'enfer.
(p. 172-177)

(3)

CAPUT VI
Quam pericolosa sit sacris quibusvis hominibus, cum altero sexu familiaritas, eruitur ex dictis
Quandoquidem homo suapte natura tanto aestu tantaque propensione fertur ad sui dimidium, ut cum Philone ac S. Basilio post Platonem loquebatur, manifeste sequitur quanta cautio adhibenda sit homini sacro, in conversatione cum altero sexu ; et quanto studio devitare debeat familiaritates, cum objecto adeo pellaci, et ad incendendum hominem accommodato.
[…]
Fuga in hoc proelio necessaria, cujus modi
Nemo igitur de sua vel de suppetitanda a spiritu sancto fortitudine praesumens, fugam in hoc proelio dedignetur, sui securus ; sed audiens Apostolum, audiens spiritualis vitae consultos, salutem in fuga collocet, subducens se objectis illecebrosis, inter quae analogatum primarium est praesentia mulieris et cum ea familiaritas.
[…]
Inexperentia voluptatis famem ejus acuit in sacris hominibus
[…]
Operosius est rudibus voluptatum ac inexpertis continentiae certamen. Quanquam aliunde cum redaccenditur cupiditatis flamma et adjuncta corporea remanent eadem, vel non multum disparia, recordatio jam perceptae voluptatis difficultatem auget abstinendi
(p. 123-148)

Declinanda sacro homini familiaritas conjugatarum
[…]
Enim facile est ex hujus modi familiaritate incendi pulchritudinis alieanae desiderium. Augetque nativae formae illicum, cultus et ornatus.
[…]
Ruinae sacrorum hominum familiaritates cum conjugatis mulieribus consecutae monstrant dclinandum hoc esse abruptum. Satan namque facilius celandam fore iniquitatem circa conjugatas persuadet dum putantur non de adultero, sed de viro concepisse, si conceptus consequatur turpe commercium ; quod non potest in virgine, aut vidua sperari. […] Itaque omni studio praecludendi sunt Satanae aditus ad ruinam , quam sacris hominibus creare contentissime satagit.
(p. 181)

(4)

Le grand remède serait d'éviter entièrement ces familiarités, de vaincre cet ennemi par une sage retraite, d'éteindre ce feu en reculant de lui la matière.
(XXI "Eviter les trop grandes familiarités avec les femmes ", p. 610)

(5)

Défendez-vous le plus que vous pourrez de parler seul avec des femmes d’un âge suspect ; car, comme dit S. Chrysostome, notre ennemi attaque bien plus hardiment les hommes et les femmes, lorsqu’il les voit sans compagnie, et le tentateur s’approche bien plus hardiment, lorsqu’il n’y a point de crainte d’aucun qui nous reprenne et qui nous puisse reprocher notre désordre. C’est pourquoi vous ne traiterez jamais avec aucune femme sans témoins ; car la solitude excite et convie les hommes à toutes sortes de maux. [..] Fuyez donc toute compagnie de femmes suspectes, parce que leur vue porte grand dommage aux cœurs, leurs paroles les attirent, leur entretien les enflamme, leur attouchement les excite, et enfin tout ce qu’il y a en elles sont autant de filets et de pièges pour surprendre ceux qui s’engagent en leur conversation.
(p. 591)




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