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ébranler le cerveau


"Monsieur, cela ne fera que vous étourdir, et il ne faut rien pour vous émouvoir en l'état où vous êtes, et vous ébranler le cerveau. - Point, point, j'aime la musique,"
Le Malade imaginaire, II, 2

Dans son Discours physique de la parole (1668), le cartésien Géraud de Cordemoy utilise à de très nombreuses reprises l'expression "ébranler le cerveau" pour décrire le fonctionnement de l'ouïe. (1)

Entre autres :

Après avoir remarqué autant qu'il est nécessaire comment se forme le son [...] il faut examiner l'effet qu'il produit dans l'oreille, qu'il frappe, et dans le cerveau qu'il ébranle.
(p. 81)

Selon que cet ébranlement des nerfs de l'oreille est différent, le cerveau doit être ébranlé en différentes parties.
(p. 83)

S'il arrive que ce soit par quelque bruit que cet objet commence d'ébranler son cerveau, il ne manquera jamais de fuir.
(p. 88)

S'il importe aux animaux que leur cerveau soit ébranlé par le bruit de certains corps, avant qu'ils en soient trop proches, afin de les pouvoir éviter, il leur importe aussi que leur cerveau puisse être ébranlé par le bruit de quelques autres corps.
(p. 92)

Les bêtes n'ont pas besoin d'une âme pour crier ou pour être émues par des cris, car si on les touche en quelque endroit, où leurs nerfs soient atteints avec assez de force pour faire que leur cerveau soit fort ébranlé, il est assez aisé de concevoir que cette action agitant les esprits, ils doivent couler beaucoup plus vite dans les muscles.
(p. 110-111)

Si notre cerveau, quand il est ébranlé par un bruit ou par une voix, laisse plutôt couler les esprits dans les muscles qui servent à transporter notre corps près ou loin de ceux qui ont causé ce bruit ou formé cette voix, que dans les muscles du larynx ou des autres parties qui pourraient servir à former une voix semblable, c'est parce que nous avons un corps.
(p. 116)


(1) source : L. Drach, Das medizinische Vokabular Molières, 1970, p. 82




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