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ô juste Ciel, je tremble
- "Oh! juste Ciel, je tremble!
- Car enfin nous avons peu de commerce ensemble.
- Quelque tempête va renverser mes desseins,
- Et ce secret sans doute est celui que je crains.
- L'espoir de l'intérêt m'a fait quelque infidèle*,
- Et voilà sur ma vie une tache éternelle;
- Ma fourbe est découverte. Oh! que la vérité
- Se peut cacher longtemps avec difficulté!
- Et qu'il eût mieux valu, pour moi, pour mon estime,
- Suivre les mouvements d'une peur légitime,
- Par qui je me suis vu tenté plus de vingt fois,
- De rendre à Polydore un bien que je lui dois,
- De prévenir l'éclat où ce coup-ci m'expose,
- Et faire qu'en douceur passât toute la chose."
- Dépit amoureux, III, 3 (v. 813-826)
Les propos d'Albert trouvent leur origine dans une tirade du Pandolfo de L'interesse, où ce dernier dévoile son appréhension à l'idée de rencontrer Ricciardo, qu'il a spolié par la substitution d'enfants :
- Riccciardo mi ha fatto dire che mi vuol parlare; che diavolo può egli volere da me ? se gli fosse mai venuto alle orecchie qualche cosa dell'inganno che gli feci, ò che siropo vuol esser questo; ch'io non lo veggo mai, che l'anima non mi triemi nel corpo, che il cuore non mi schianti, tanto aspramente il rimorso della coscienza mi punge : io sudo, et agghiaccio tutto a un tempo, quando gli vò dinanzo; perchè quel tormento perpetuo, quel carnefice crudele che di dentro mi rimorde e scarnifica, tanto più m'afflige e combatte, quanto più quello che per propria malitia ingannai, mi si avvicina. Mi parrà tuttavia, ragionando con esso lui, che rieschi a questa falsità. Ma ecco ch'ei viene, ingegno aiutami, farò buon volto per non parere di haver paura di lui. Io vengo a te, Ricciardo, che vuoi tu da me ?
- (p. 38-39)
La tirade est placée à l'orée de la scène IV, 2, dont certains passages ont servi à la composition des scènes II, 5 ("je crains cent accidents") et III, 5 ("je lis dedans son âme").
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