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Autorités dans l'antiquité


"c'est un mélange qui est nouveau pour nos théâtres, et dont on pourrait chercher quelques autorités dans l'Antiquité"
Les Fâcheux, Préface

L'abbé d'Aubignac, dans sa Pratique du théâtre, évoquait le mélange de la danse et de la comédie dans l'Antiquité :

Nous avons dit que la tragédie dans son origine n’était qu’une hymne sacrée, chantée et dansée à l’honneur de Bacchus par des Chœurs de musique ; et que peu à peu les Episodes, que nous appelons Actes, récités par les Histrions, y furent ajoutés entre deux chants du Chœur.(1)

J’ai quelque croyance qu’au temps de la débauche des Empereurs […], le Chœur cessa peu à peu de faire partie du poème, n’étant plus qu’une troupe de Musiciens chantant et dansant pour marquer les intervalles des Actes.(2)

[V]oilà pourquoi la Comédie perdit bien plutôt les Chœurs que la Tragédie, et que la Nouvelle reçut les bouffonneries, les danses, et les musiques ridicules, pour marquer les intervalles des Actes, comme des choses plus convenables au génie de la Poésie comique.(3)

[Le coryphée] ne laisse pas d’être accompagné d’un grand nombre d’autres Musiciens et Danseurs qui sont présents auxquels il parle, et qui lui répondent quelquefois sans chanter quand ils agissent dans la fable ou Sujet de la Tragédie, mais le plus souvent en chantant et en dansant, comme étant leur principal office, afin de marquer les intervalles des Actes.(4)

[A]u temps de Plaute, la Comédie n’avait point de chœurs unis et dépendants du sujet de la pièce ; elle les avait perdus longtemps auparavant en Grèce, et ne les a jamais repris en Italie ; en leur place elle avait, pour distinguer les actes, des Mimes, Pantomimes, Embolaires, et autres Intermèdes. (5)

Au commencement on […] plaçait [le chœur] un peu plus bas que le théâtre […] [Il] était assis en un lieu qui lui était particulier d’où il se levait pour agir, chanter et danser.(6)

[L]es anciens chœurs étaient composés de plusieurs personnes, étaient chantants agréablement et dansant avec grand art.(7)

Michel de Marolles, dans son IXe Discours, évoquait lui aussi le mélange du théâtre et de la danse:

[L]es Anciens représentaient des Fables et des Histoires dans la danse, ce que Juvénal [Satire 6] nous donne encore à connaître, quand il dit qu'une femme de Toscane, voyant représenter les postures de pieds et de mains de Léda par le Danceur Batille, ne pouvait retenir son eau, etc.
(Mémoires, t. II, Paris, A. de Sommaville,1656-1657, p. 172)

En se référant à l'autorité des auteurs antiques, Molière imite ici encore les usages des théoriciens contemporains :

Ce titre serait tout à fait irrégulier […] s’il n’était autorisé par l’exemple des Anciens.
(Corneille, Examen de La Galerie du Palais, p. 34).


(1) La Pratique du théâtre [1659], éd. H. Baby, Paris, Champion, 2001, p. 306.

(2) Ibid., p. 306.

(3) Ibid., p. 310.

(4) Ibid., p. 311.

(5) Ibid., p. 311.

(6) Ibid., p. 312.

(7) Ibid., p. 314.




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