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Avec lumière et choix cette union veut naître


"Avec lumière et choix, cette union veut naître,
Avant que nous lier, il faut nous mieux connaître;
Et nous pourrions avoir telles complexions,
Que tous deux, du marché, nous nous repentirions."
Le Misanthrope, I, 2, v. 281-284

Dans son "petit traité" "De l'étude et du lien d'amitié" (Nouvelle Suite des petits traités, 1659) La Mothe le Vayer formule les mêmes conditions à l'établissement d'une amitié (1).

Dans la Clélie des Scudéry, qui présente par ailleurs toute une casuistique en matière d'amitié (voir "moi, votre ami"), on envisage la possibilité de se défaire d'une amitié décevante (2).

Dans La Précieuse de l'abbé de Pure, l'"honneur de l'amitié" est également lié à la possibilité de choisir ses amis (3).

Plus haut, c'était après avoir observé son comportement ("votre chaleur, pour lui, tombe en vous séparant") qu'Alceste refusait son amitié à Philinte.

Cette idée du choix en matière amicale est liée à une conception exigeante de l'amitié (voir "l'amitié demande un peu plus de mystère").


(1)

Je ne saurais m'empêcher d'abord de vous louer du soin que vous apportez pour ne vous engager pas mal à propos dans une affection dont vous voulez observer les lois en homme d'honneur. L'on peut civilement ne pas s'y embarquer, mais depuis qu'on y est, le mauvais choix ne cause pas de petites amertumes; et le dégagement a plus de difficultés que vous pouvez ne vous en représenter. Un mauvais morceau avalé ne donne pas tant de peine à jeter qu'un fâcheux ami à quitter, même dans les liaisons d'une amitié ordinaire.
(La Mothe le Vayer, "De l'étude et du lien d'amitié", Nouvelle suite des petits traités, 1647, éd. de 1756, VI, 2, p. 180)

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(2)

C'est un des plus grands privilèges de l'amitié de croire son ami comme on voudrait en être cru. Car si vous le croyez capable de dissimulation, il faut lui ôter votre amitié.
(Ibid., V, I, p. 505)

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(3)

il me semble que vous avez oublié un point qui fait tout l'honneur de la question : c'est l'honneur de l'amitié. Une personne qui s'oublie jusqu'au point de descendre à un choix indigne laisse un certain soupçon à une personne sensée, ou qu'il est faible de ne pouvoir pas se soutenir dans son rang et dans son ordre ; ou qu'il n'a que des désirs de passage qui ont trop ou trop peu de durée, qui naissent pleins d'ardeurs et chargés de honte.
(de Pure, La Précieuse [1656-1658], éd. Magne, Droz, 1938, t. I, p. 197)




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