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C'est Monsieur


"[...] C'est Monsieur. - Ouvre vite. - Ouvre, toi. - Je souffle notre feu."
L'Ecole des femmes, I, 2 (v. 205-206)

La prononciation "monsieu" (qui rime avec "feu") s'écarte de la norme contemporaine qui fait entendre le "r" final, ainsi que le prouve l'usage du terme à la rime (1).

Considérée comme populaire à l'époque de Molière (2), elle s'imposera en revanche en prose à la fin du siècle (3).


(1)

Que je me divertis de tous ces beaux Messieurs
Et qu'enfin je me mets du côté des railleurs
(Hauteroche, L'Amant qui ne flatte point, 1668, II, 5)

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit :
Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépends de celui qui l'écoute.
(La Fontaine, Fables, 1668,"Le corbeau et le renard", p. 6)

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(2)

Quand on dit les connaisseux au lieu des connaisseurs, je le trouve de la dernière bassesse. C'est parler de même que les gens du peuple, qui finissent en eux tous les mots terminés en eur, comme quand ils disent un brodeux, un doreux, un laboureux au lieu de brodeur, doreur et laboureur.
(C. Sorel, De la connaissance des bons livres, 1671, p. 397-398)

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(3)

En prose, la prononciation "Monsieu" s'impose de plus en plus. En 1696, Jean Hindret, dans L'Art de prononcer parfaitement la langue française (Paris, Laurent d'Houry), écrira :

La consone finale du mot de Monsieur ne se doit point prononcer quelque mot qui le suive ; car ce serait mal dit que de dire monsieuraitalé à la messe pour dire monsieur est allé à la messe ; monsieuralcôme, pour dire monsieur Alcaume ; Il faut dire monsieu aîtalé à la messe, monsieu Alcôme, monsieu Antoine, et non pas monsieuralcôme, etc. c'est parler comme les Normands.
(p. 728)




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