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Des humeurs contenues dans le bas-ventre


"Or. Mon-si-eur. pour. ve-nir. au. fait. je. trou-ve. que. vo-tre. fil-le. a. une. ma-la-die. chro-ni-que. et. qu'el-le. peut. pé-ri-cli-ter. si. on. ne. lui. don-ne. du. se-cours. d'au-tant. que. les. symp-tô-mes. qu'el-le. a. sont. in-di-ca-tifs. d'u-ne. va-peur. fu-li-gi-neu-se. et. mor-di-can-te. qui. lui. pi-co-te. les. mem-bra-nes. du. cer-veau. Or. cet-te. va-peur. que. nous. nom-mons. en. grec. at-mos. est. cau-sée. par. des. hu-meurs. pu-tri-des. te-na-ces. et. con-glu-ti-neu-ses. qui. sont. con-te-nues. dans. le. bas. ven-tre.- Et comme ces humeurs ont été là engendrées, par une longue succession de temps; elles s'y sont recuites, et ont acquis cette malignité, qui fume vers la région du cerveau."
L'Amour médecin, II, 5

Le diagnostic posé par Macroton et Bahys correspond à celui de la suffocation de matrice (voir également "ses yeux se sont tournés") dans les Oeuvres (1631) de La Framboisière :

Suffocation de matrice est une privation de respirer librement, procédant de l'utérus enflé d'une matière pourrie, et d'une vapeur maligne élevée de là en haut, dont l'estomac et le diaphragme sont tellement pressés qu'ils ne se peuvent étendre. Pource qu'en cette maladie la matrice se mouvant vers les parties supérieures, envoyant des malignes vapeurs, étrangle la femme, lui empêchant la respiration, la parole et la voix, on la nomme suffocation de matrice. Le vulgaire l'appelle mal de mère.
[...]
Ce mal advient en tout temps, mais principalement en hiver et en automne et sur toutes aux pucelles et jeunes veuves qui sont fort amoureuses.
(éd. de 1669, p. 488)

Plus largement, l'idée selon laquelle la frustration sexuelle produit, chez la jeune fille, des effets dans le bas-ventre, dont l'influence remonte au cerveau, est un lieu commun de la littérature comique, commenté dans L'Elite des contes (1644) de d'Ouville :

L'heure du berger ou l'occasion perdue
[...]
Peut-être celles qui en ont eu quelque sentiment n'ont pas jugé la cause d'où provenait cette émotion, laquelle charitablement je leur veux enseigner, afin qu'elles remédient aux accidents qui leur surviennent.[...] Les parties animées ne recevant point l'aliment que leur espérance et leur souhait leur promettaient, à cause de l'ignorance des courtisans ou la trop grande description [sic] que les dames nomment la sottise de celui de qui elles l'attendaient, il est tout vrai que les humeurs, étant émues et ne venant à prendre leur cours ordinaire, portent par leur regorgement des vapeurs si nuisibles à l'estomac et au cerveau que le plus souvent elles causent des accidents si sinistres que les exemples qui s'y remarquent tous les jours me servent de preuves suffisantes.
(éd. G. Brunet, 1883, t. II, p. 19-20)




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