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Description du Père Ménestrier


Dans son traité Des ballets anciens et modernes selon les règles du théâtre (1682), le Père jésuite Claude-François Ménestrier prend comme exemple les représentations originales de Psyché aux Tuileries :

Quand on veut commencer d'abord par un grand spectacle, l'ouverture se fait par un grand nombre de personnes de différents états, afin que la diversité des habits arrête les yeux comme le grand nombre de musiciens et de concertants charme les oreilles par une pleine symphonie.
Ainsi au ballet de Psyché dansé devant sa Majesté au mois de janvier l'an 1671, la toile qui fermait le théâtre étant levée, il parut sur le devant de la scène des lieux champêtres. Un peu plus loin parut un port de mer fortifié de plusieurs tours. Dans un renfoncement on vit d'un côté un grand nombre de vaisseaux, et de l'autre une ville d'une très vaste étendue. Flore était au milieu du théâtre suivie de ses Nymphes et accompagnée à droite et à gauche de Vertumne, dieu des arbres et des fruits, et de Palémon, dieu des eaux. Chacun de ces dieux conduit une troupe de divinités : l'un mène à sa suite des Dryades et des Sylvains et l'autre des dieux des Fleuves et des Naïades.
Ce spectacle est grand, il remplit l'imagination, il prépare à de belles choses, mais on en cherche la liaison avec le sujet, et l'on ne voit point ce que font là ces vaisseaux, cette mer, ce port et cette grande ville, où personne n'entre et d'où personne ne sort. Ils ne sont là que parce qu'on a voulu qu'ils y fussent.
Ce qui suivait était bien plus propre au sujet. Une grande machine descendit du ciel au milieu de deux autres plus petites. Elles étaient toutes trois enveloppées d'abord dans des nuages qui, en descendant, roulaient, s'ouvraient, s'étendaient et occupaient enfin toute la largeur du théâtre. On découvrait une des Grâces dans chacune des petites machines, et la plus grande était occupée par Vénus et par son fils environné de six Amours. Aussitôt que Flore aperçut Vénus, elle la pressa de venir achever par ses charmes les douceurs que la Paix avait commencé de faire goûter sur la Terre, et par un récit qu'elle chanta, elle témoigna l'impatience qu'elle avait de profiter du retour de la plus aimable des déesses, et qui présidait à la plus belle des saisons.
C'est ainsi que les ouvertures des ballets se doivent faire par des machines, parce qu'elles sont comme le mystère de toute la pièce, qui doit tenir du merveilleux pour préparer agréablement à tout le reste du spectacle.

(p.262-264)




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