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En voilà assez
- " Et que dit le père à tout cela? - Il ne dit rien. - Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir toutes ces sottises-là, sans rien dire. -Ah! mon amour... - Non, non, en voilà assez. Cette comédie-là est de fort mauvais exemple. Le berger Tircis est un impertinent, et la bergère Philis, une impudente, de parler de la sorte devant son père."
- Le Malade imaginaire, II, 5
Une situation dans laquelle une chanson amoureuse à double sens est interprétée devant le personnage qui en est dupe, avait été développée dans
- dans La Folle Gageure (1653) de Boisrobert (1)
- dans Le Mari sans femme (1666) de Montfleury (2)
(1)
- TELAME
- Chantez quelque air de cour.
- LA CHANTEUSE
- Celui-ci plaira fort.
- Elle chante.
- Quand votre soin serait extrême,
- Je ne saurais vous accorder,
- Si je ne me garde moi-même
- Qu'un autre me puisse garder.
- TELAME
- Je me défie de quelque fourberie,
- Redites-moi ces vers, sans chanter, je vous prie.
- LA CHANTEUSE :
- Quand votre soin serait extrême, etc.
- TELAME
- Taisez-vous, ou chantez un air qui soit plus beau.
- LA CHANTEUSE
- Chacun me le demande, il est rare et nouveau.
- TELAME
- De qui le tenez-vous, d'un auteur qui se cache ?
- DIANE
- Ce trait sent Lidamant.
- TELAME
- Il faut que je le sache
- LA CHANTEUSE
- Chez la reine tantôt quelqu'un m'en a fait don.
- TELAME, à part.
- On l'aura subornée.
- DIANE
- Eh quoi, n'est-il pas bon ?
- TELAME
- Les paroles, ma soeur, en sont impertinentes.
- (IV, 9, p. 65-66)
(2)
- FATIMAN
- Qu'allez-vous, Carlos, nous faire entendre ?
- CARLOS
- De deux amants heureux une scène assez tendre.
- On chante
- En vain l'on conspire
- Pour séduire
- Un coeur amoureux,
- Tout ce qu'on fait pour le surprendre,
- Ne sert qu'à le rendre
- Plus fidèle et plus tendre
- Pour ses premiers feux.
- Les présents, les faveurs,
- N'arrêtent pas toujours les coeurs,
- En amour il faut se contraindre,
- Quand on a su charmer ;
- C'est un feu qu'il faut feindre,
- Et ce qu'on fait pour l'allumer,
- Sert bien souvent à l'éteindre.
- Les présents, les faveurs
- N'arrêtent pas toujours les coeurs ;
- Mais je crois que l'Amour...
- CÉLIME, après qu'on a chanté
- Taisez-vous, Don Carlos, votre chant m'étourdit
- Mais que fais-je, où m'emporte un trop juste dépit ;
- Ils s'aiment, je ne puis l'ignorer. O vengeance,
- Prête-moi tous tes traits, pour punir cette offense.
- (III, 9, éd. des Oeuvres de 1705, t. II, p. 278)
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