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En voilà assez


" Et que dit le père à tout cela? - Il ne dit rien. - Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir toutes ces sottises-là, sans rien dire. -Ah! mon amour... - Non, non, en voilà assez. Cette comédie-là est de fort mauvais exemple. Le berger Tircis est un impertinent, et la bergère Philis, une impudente, de parler de la sorte devant son père."
Le Malade imaginaire, II, 5

Une situation dans laquelle une chanson amoureuse à double sens est interprétée devant le personnage qui en est dupe, avait été développée dans


(1)

TELAME
Chantez quelque air de cour.

LA CHANTEUSE
Celui-ci plaira fort.
Elle chante.
Quand votre soin serait extrême,
Je ne saurais vous accorder,
Si je ne me garde moi-même
Qu'un autre me puisse garder.

TELAME
Je me défie de quelque fourberie,
Redites-moi ces vers, sans chanter, je vous prie.

LA CHANTEUSE :
Quand votre soin serait extrême, etc.

TELAME
Taisez-vous, ou chantez un air qui soit plus beau.

LA CHANTEUSE
Chacun me le demande, il est rare et nouveau.

TELAME
De qui le tenez-vous, d'un auteur qui se cache ?

DIANE
Ce trait sent Lidamant.

TELAME
Il faut que je le sache

LA CHANTEUSE
Chez la reine tantôt quelqu'un m'en a fait don.

TELAME, à part.
On l'aura subornée.

DIANE
Eh quoi, n'est-il pas bon ?

TELAME
Les paroles, ma soeur, en sont impertinentes.
(IV, 9, p. 65-66)

(2)

FATIMAN
Qu'allez-vous, Carlos, nous faire entendre ?

CARLOS
De deux amants heureux une scène assez tendre.
On chante

En vain l'on conspire
Pour séduire
Un coeur amoureux,
Tout ce qu'on fait pour le surprendre,
Ne sert qu'à le rendre
Plus fidèle et plus tendre
Pour ses premiers feux.

Les présents, les faveurs,
N'arrêtent pas toujours les coeurs,
En amour il faut se contraindre,
Quand on a su charmer ;
C'est un feu qu'il faut feindre,
Et ce qu'on fait pour l'allumer,
Sert bien souvent à l'éteindre.
Les présents, les faveurs
N'arrêtent pas toujours les coeurs ;
Mais je crois que l'Amour...

CÉLIME, après qu'on a chanté
Taisez-vous, Don Carlos, votre chant m'étourdit
Mais que fais-je, où m'emporte un trop juste dépit ;
Ils s'aiment, je ne puis l'ignorer. O vengeance,
Prête-moi tous tes traits, pour punir cette offense.
(III, 9, éd. des Oeuvres de 1705, t. II, p. 278)




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